En attendant Godot ou l'amitié cruelle
Publié en 1952, En attendant Godot a déjà cinquante ans ; on voit mieux le chef-d'oeuvre s'inscrire dans l'Histoire. Celle, d'abord, de la violence humaine : cette pièce ressortit à une littérature «lazaréenne», marquée par l'expérience de la guerre et de l'Extermination. Mais En attendant Godot prend sens aussi dans le processus, qui traverse tout le XXième siècle, de contestation de l'art par lui-même : «dés-esthétisation» qui conduit Beckett à déjouer, par la provocation et la frustration, la communion de la salle avec la scène. Pour replacer cette oeuvre dans l'histoire du théâtre, on analyse ici la filiation qui la rattache à des dramaturges du conflit et de la cruauté : Strindberg, Artaud.. Crise du drame (du dialogue intersubjectif), crise de l'art (de la relation au public), crise de la guerre (de la Cité) : En attendant Godot ne connaît d'autre régime, pour le lien interhumain, que celui du déchirement : de l'amitié cruelle..
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