L'ombre
LE MINISTRE DES FINANCES : Comment allez-vous, monsieur le Premier Ministre? LE PREMIER MINISTRE : Il semble que tout aille bien. (IL SOURIT). LE MINISTRE DES FINANCES : Pourquoi dites-vous « il semble »? LE PREMIER MINISTRE : Pendant ces longues années de service, j'ai découvert une chose assez désagréable. Juste au moment où l'on se croit vainqueur, la vie, tout à coup, relève la tête. LE MINISTRE DES FINANCES : Relève la tête? Vous avez fait demander le Bourreau royal? Evguéni (Eugène) Schwartz (1896-1958) est considéré par l'intelligentsia russe comme l'un de ses écrivains les plus brillants et intérieurement libres. De nombreux théâtres de Russie montent les pièces de Schwartz et plusieurs films ont été tournés d'après ses textes. L'Ombre (1940) figure parmi les meilleures oeuvres du dramaturge. Dans ce grotesque scénique, les héros du conte d'Andersen pénètrent le monde de l'idylle totalitaire, tandis que la comédie lyrique épouse la cause de la satire sociale. Les personnages familiers reflétés dans le miroir ludique de l'interdiscursivité subissent une transfiguration frondeuse, les métaphores figées reviennent à la vie et les images ouvertement archétypales peuplent le quotidien le plus prosaïque de cette fantasmagorie réaliste de Schwartz, laquelle a joué un rôle crucial dans l'évolution de la pensée théâtrale russe.
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Presses de l'Université Laval - livre canadien