Traduire ou l'art d'interpréter t. 2
Au Canada, dès la Conquête, il fallut traduire en français le « langage du droit » exprimé en anglais. Cette délicate mission a été confiée d'emblée au traducteur (juridique), ancêtre du « jurilinguiste ». La rencontre fortuite de deux « esprits des lois » opposés provoque des effets inattendus dans l'activité traduisante, où le passage d'un système juridique à un autre présente des difficultés singulières. Pour lire, écrire ou traduire cette « langue de spécialité », il faut passer par le « langage du droit », autrement dit, non seulement connaître (et comprendre) les mots de la langue commune, les termes du domaine visé et les notions dont ils sont porteurs (la « langue »), mais encore son « discours », soit la manière de dire les choses : son langage. Il revient au traducteur de faire l'interprétation la plus juste possible du texte à traduire pour en réexprimer optimalement les significations et, ce faisant, rendre justice à la fois au droit et à la langue.
Du même éditeur
Presses de l'Université du Québec - livre canadien