À l'ombre du grand pin : Chroniques d'un village fantôme
Le lendemain, Alvina revint chez nous, la pipe à la bouche. Elle entra et s'assit lourdement dans la chaise berçante qui était libre. Notre voisine ne fumait pas souvent, seulement pendant ses grands moments de réflexion. Cette fois-là, elle se berça un bon moment tout en contemplant la fumée de sa pipe monter en guirlande vers le plafond avant de lancer : - Rose, mes poulettes ont attrapé une terrible grippe. Hier en soirée, elles toussaient comme des damnées, et ce matin, je viens d'en trouver six raides mortes. Grand-mère n'en revenait pas. Six volailles sans vie! C'était du jamais vu. Puis, flairant la germe de la pandémie, mais ne voulant pas chagriner davantage se belle-soeur, elle lui demanda tout bonnement : - Et ton pain?- Gâbine! Peut-être que la maudite pâte qui me collait aux mains, j'aurais mieux fait de la jeter aux cochons qu'à mes poules, répondit-elle, sans toutefois reconnaître qu'il y avait là, assurément, l'explication à son malheur.
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Roman / Général