<> Ces lignes de Christian Garcin dans Selon Vincent disent bien la force d'attraction impérieuse et romanesque d'un désir de disparaître. Ce fantasme alimente une veine importante de la fiction française contemporaine, chez Carrère, Echenoz, Modiano, NDiaye, Quignard, Perec ou Puech, dont il faut décrire les modalités contradictoires et variées. Pris entre l'effroi de rester ou de devenir invisible et l'envie de se soustraire à la tyrannie actuelle de la visibilité, les héros de ces oeuvres font l'épreuve imaginaire d'une ambivalence. La fiction propose un lieu paradoxal de résistance face à la normalisation sociale, aux dispositifs toujours grandissants de contrôle et d'assignation, une façon de déserter qui puisse exprimer la force encore vitale d'une sécession individuelle. Contre une folie de la trace qui grève le présent par le sentiment de sa mémorisation anticipée, le désir de disparaître repose sur l'effacement, l'oubli. Un acte pur, sans archive? On se doute que la réponse sera plus ambiguë.