Le crâne ivre d'oiseaux
La poésie a le pouvoir de faire vibrer les mots de telle sorte qu'ils acquièrent une qualité particulière : celle de lier la mémoire aux images issues du monde extérieur et de les interpréter à la faveur des sensations qu'elles évoquent. Abolissant de cette manière l'espace et le temps, la poésie abolit aussi la distance des autres à soi, de soi à l'univers, du passé au présent. Et elle permet au poète de réaffirmer en permanence son identité.
Et toute la mer se confond avec l'immensité du corps
et des canyons de son cri avec ses cargaisons d'alphabet
acclimatation d'enfances d'origines diverses
des eaux où des navires font le lien
entre le sommeil et l'éveil sans que jamais
l'on ne sache s'ils se dirigent vers le rivage
ou si c'est le rivage qui cherche à les atteindre
Et l'auteur des poèmes de Le crâne ivre d'oiseaux ajoute :
Ce n'est pas l'au-delà qui installe la mise en ordre
c'est l'image qui surplombe une mémoire muette
L'appropriation de suites perdues
l'éclatement en profondeur du temps et du langage
les mots au-dehors comme autant d'ères en migration
ces moments sont eux-mêmes point d'origine
et s'excluent
Avec ce recueil, Jean-Pierre Pelletier présente sa démarche poétique comme une refondation de l'individu : « C'est un voyage sans fin / fondé sur l'intermittence de territoires ». C'est surtout une méditation à laquelle l'auteur convie le lecteur.
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