La société, la politique et moi : Pourquoi je n'en peux plus de l'intérêt général
Vous, je ne sais pas, mais moi, en tout cas, je n'en peux plus d'entendre parler d'intérêt général. J'aimerais donc faire cette proposition : essayons de nous en passer. Or, dès que j'avance ce genre de propos, on s'affole autour de moi. Comment peut-on céder au cynisme ? Comment peut-on accepter que tout se résume au seul jeu des intérêts particuliers ? Comment peut-on renoncer à un idéal de justice sociale, au pacte républicain ou au contrat qui fonde l'unité nationale ? Justement, parlons-en du pacte, parlons-en du contrat social. Je ne vois aucun pacte, je ne vois aucun contrat fondateur ni réconciliateur. Ce que j'entends, en revanche, ce sont des discours qui entretiennent l'idée que chacun, depuis sa position particulière, est en mesure de juger de la société dans sa généralité, comme si nous étions constamment, tous ensemble, en train de rejouer au « contrat social » ou à « c'est mon choix de société ». La politique se garde bien de corriger ce rapport à la généralité : elle promet des réponses à tous et relance les attentes de chacun. Elle escamote ainsi toujours plus ce qui fait l'objet, ou le sujet, d'une politique souhaitable. Par quoi pourrait-on remplacer politiquement « l'affaire de tous » ou « l'intérêt général » ? Moi, en tout cas, je miserais plutôt sur une politique du commun. Et vous ?
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Presses de l'Université Laval - livre canadien