La mort est méconnaissable
"C"était en 1978 dans un hôpital. Avant une opération. Par la fenêtre on voyait le cimetière de Picpus ; juste à côté d'une chapelle où des soeurs prient allongés de tout leur long un Dieu paisible comme après de formidables accordailles. Au réveil, la scène est aussi précise qu'avant l'anesthésie.
Depuis lors, j'ai pris l'habitude de mémoriser mes poèmes, un jour, une semaine, jusqu'à deux mois, comme s'il existait plus de papier pour les transcrire. Je ne pose le poème que lorsque tout semble dit, lorsqu'il n'est plus possible de la retenir plus longtemps.
La mort est méconnaissable est l'exaspération de cette expérience, son point limite, au-delà les mots se désagrègent..."
Avec cet important recueil, Yves Martin ouvre les tiroirs infinis de sa poésie. Qu'il parte d'une image : un bar étrange, des personnages androgynes : qu'il recontruise un film, il nous fait pénétrer comme dans un jeu de poupées russes sans son univers familier : Paris, les bistrots où la mousse floconne, la mère, le père, les enfants des autres, les gosses des rues, Onan, la solitude, l'ennui, les copains disparus, le cinéma...
Yves Martin : une des voix les plus personnelles de la poésie contemporaine.
Du même éditeur
ECRITS DES FORGES - livre canadien