Robinson à la conquête du monde
Le mythe de Robinson n'est-il pas celui de la solitude avec ses deux versants : le désespoir de l'homme incapable de vivre seul et la solitude conquise et aménagée ? En ce sens, l'île de Robinson serait le lieu par excellence pour soulever la question de l'autre en l'absence d'autrui. A sa manière, l'explorateur américain reprend, là où Robinson l'a laissée, l'expérience de la rencontre de l'autre. Faut-il rappeler que le Robinson de Tournier a d'abord tenté de tuer Vendredi pour éviter d'avoir à partager son temps et son espace (son île) avec « un sauvage ». Situation en tout point comparable à celle des explorateurs américains qui tentèrent d'éliminer les Indiens avant de se résigner à leur concéder un espace en « réserve » sur le territoire. A l'instar du Robinson de Defoe (1719) et de celui de Tournier (1977), les conquérants se croient dans leur droit et considèrent légitime leur marche vers l'Ouest et le progrès - les deux en venant à se confondre.
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Presses de l'Université du Québec - livre canadien